L'affaire "Air Cocaïne" vire au vrai fiasco judiciaire...
L'interpellation des quatre Français à Punta Cana avait fait l'objet d'une mise en scène qui, après un an d'errements judiciaires, sème le doute sur la crédibilité de la procédure en République dominicaine.(DR)
L’affaire vire au fiasco judiciaire en République dominicaine un an après l’arraisonnement du jet à destination de Saint-Tropez. Huit Français sont toujours incarcérés des deux côtés de l’Atlantique
Un an après l'arraisonnement spectaculaire, à Punta Cana, du Falcon 50 à destination de Saint-Tropez, l'affaire dite « Air Cocaïne » va-t-elle s'écrouler comme un château de cartes ? Quelles seraient les conséquences d'un « crash judiciaire » en République dominicaine sur la procédure ouverte à la juridiction spécialisée de Marseille ?
Le 20 mars 2013, la DNCD*, l'agence dominicaine de lutte contre le trafic de drogues, annonçait avoir saisi près de 682 kg de cocaïne, planqués dans des bagages, dans le cadre d'un vaste coup de filet. Les images des quatre Français (écroués depuis) au pied de l'aéronef appartenant à Alain Afflelou avaient fait le tour du monde. La vidéo tournée par les militaires montrait aussi un tas de valises sommairement empilées dans l'appareil.
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Une infraction « provoquée »
Ce « flagrant délit » devait permettre de mettre en cause une quarantaine de fonctionnaires et militaires locaux soupçonnés de corruption. Autrement dit, « des agents infiltrés avaient provoqué l'infraction, c'est un règlement de comptes entre services. »
Sur la foi de cette annonce, l'office central français de lutte contre les stupéfiants s'est saisi de cette « affaire du siècle », avec d'autant plus d'opiniâtreté que l'avion était déjà dans le collimateur des gendarmes à Saint-Tropez. Un chef d'entreprise lyonnais, son associé, un douanier varois et un Toulonnais « autodidacte » en Roumanie - liés aux protagonistes et/ou au vol de Punta Cana - ont été placés en détention provisoire dans des prisons de la région. La procédure dominicaine - faisant naître les soupçons d'importation de cocaïne en France mais aussi de blanchiment - a été versée au dossier instruit à Marseille. « Le fait que la preuve soit administrée par la police et la justice de Saint-Domingue est ahurissant », s'insurge l'un des avocats.
Des PV douteux et la preuve détruite
Ce serait d'autant plus « effrayant » que la procédure dominicaine virerait au « crash judiciaire ». Des sources concordantes font état de procès-verbaux en contradiction avec le film médiatisé par les autorités dominicaines. Pas un seul échantillon de cocaïne n'aurait été conservé. Et des responsables de la DNCD, parties prenantes dans l'opération de mars 2013, ont été impliqués ces derniers mois dans d'obscures affaires qui ont fait les choux gras de la presse locale…
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Alors que l'enquête préliminaire est bouclée depuis l'été dernier, les sept reports d'audience préliminaire devant les juges dominicains, qui permettrait de confronter les arguments de l'accusation à ceux de la défense jusque-là ignorée, ont également de quoi laisser les observateurs perplexes.
La diplomatie française, a même fini par faire part de son agacement.
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