Saint-Tropez ... For Ever

Par endroits, la place des Lices souffre des ravages du temps.

Il n'y a pas de bons joueurs, assène Patrice. La boule, elle va là où elle veut ! »

Le bouliste tropézien se fait parfois philosophe quand il s'agit d'évoquer son terrain de jeu favori. Son lieu d'expression unique même, qui ressemble par endroit à un champ miné… de petits cailloux, jalonné de bosses et de crevasses.

Transformé par le passage du temps. Tassé par les véhicules des forains. Raviné par les intempéries, ce temple du jeu de boules a perdu de son lustre.

La Place des Lices, un nom qui est depuis si longtemps associé aux « pieds tanqués ». Un tableau du peintre Charles Camoin, signé de 1939, témoigne de cet art de vivre que représente le jeu de boules à Saint-Tropez.

Mais qui pourrait nier aujourd'hui que cette arène est particulièrement inégale ?

Redorer le blason

Pour le président de la Boule tropézienne, Gilbert Fasola, la place des Lices mériterait bien un petit lifting. « C'est dans un état difficile ». Dès que l'eau s'infiltre sur le rectangle de jeu, ce n'est qu'une succession d'anfractuosités, sans écoulement efficace.

« Ce serait utile de relever les bordures puis de créer de caniveaux devant les restaurants » afin de donner un peu d'harmonie à cette vaste aire. « Il faudrait vraiment creuser en profondeur et drainer,préconise-t-il. Pour leurs commerces et la renommée de la place », l'opération ne serait pas un vain luxe. Le joueur regrette aussi que lors des réunions de quartier, « aucun riverain n'ait soulevé son mauvais état ».

Pour redorer le blason de cette place « connue mondialement, l'association a quelques idées : des bancs qui s'enroulent autour des arbres » notamment. Sans oublier de réviser l'éclairage « en très mauvais état »,soutenu par des lampadaires sans âge.

Mais qu'en disent les premiers intéressés ? Leur avis prend des chemins sinueux, comme la boule d'un pointeur qui ricocherait sur les obstacles dressés jusqu'au graal-cochonnet.

« Pour le jeu provençal, c'est l'horreur », admet l'un deux. Les amateurs de cette discipline ont d'ailleurs élu domicile sur l'un des côtés de la place, le moins accidenté.

Tandis que les maîtres ès pétanque n'ont pas peur de s'y frotter. « Ils sont souvent à la recherche d'un jeu plus sélectif » admet le président. « C'est vrai que cela peut paraître injouable. Mais les bons joueurs aiment les terrains difficiles » confirme ainsi Michel. Avec peut-être un avantage donc aux professionnels du tir qui survole les écueils pour cogner plein fer.

«Mis à part les grosses crevasses, il est beau ce terrain, jure de son côté Gérard. Ce ne serait pas évident de le restaurer ».

Sous les yeux du public

Que faire ? D'autant que, souligne cet autre Gérard, « on oublie que c'est une place publique et non un boulodrome. Tout le monde peut s'y balader. C'est d'ailleurs ce qui fait son charme. Les gens de l'extérieur découvrent cette ambiance un peu folklorique ».

Même tonalité dans les propos de Mourad pour qui « c'est le meilleur endroit au monde. En plus, il y a du public qui nous regarde ici, alors que la plupart des boulodromes sont en dehors du cœur de la cité ».

Et pour rien au monde, ils n'iraient lancer les boules ailleurs. Question d'habitude. D'atmosphère. « Hé, quand on réussit ici, on peut jouer partout », balancent un brin bravache les puristes de l'exercice.

Pourquoi ne pas simplement classer le carré d'honneur, propose alors l'association de la boule tropézienne.

Àdéfaut, celle-ci verrait d'un bon œil l'aménagement des douves de la Citadelle : « on pourrait alors y organiser un National », rêve à voix haute Gilbert Fasola.

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