Saint-Tropez ... For Ever

Saint-Tropez ... For Ever

Emile Ollivier, le pionnier de Saint-Tropez...

Dans les années 1950, bien que déjà à la mode, Saint-Tropez n’avait rien à voir avec la station balnéaire des people et des touristes que l’on connaît aujourd’hui. 

1860. Dix ans avant de devenir le dernier chef du gouvernement de Napoléon III, Emile Ollivier, jeune député, découvre ce petit port provençal enclavé. Le premier d’une longue série de people tombés sous le charme.

En 1879, un journaliste parisien du Gaulois descend fourbu d’une voiture tirée par des chevaux couverts de sueur et de poussière. « Il n’y a qu’un reporter ou un poète pour oser affronter le voyage de Saint-Tropez, écrira-t-il plus tard. C’est un des rares pays de France où l’on ne puisse arriver qu’après six heures de diligence, et quelle diligence ! »

L’homme se fraye difficilement un chemin sur les quais du petit port provençal encombrés de pêcheurs et marins, de filets, de tonneaux et de quelques filles de joie. Il pousse la porte d’un des troquets bordant les quais où il doit encore jouer des coudes et des épaules avant d’atteindre le comptoir. « Pour aller à La Moutte chez M. Emile Ollivier s’il vous plaît ? »

 

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Portrait d’Emile Ollivier, datant de 1865. Veneranda Biblioteca Ambrosiana/Dea/Leemage

 

On le guidera jusqu’à la maison de l’ancien député et dernier chef de gouvernement de Napoléon III, en 1870. « Il fallait encore une heure de route à pied pour aller jusqu’à la Moutte », consigne le reporter. A l’époque il était important d’avoir de bonnes chaussures avant une jolie plume…

 

« Je ne cherchais que le calme, j’ai trouvé l’enchantement »

L’habitant le plus illustre de Saint-Tropez s’est installé là en 1860, à l’âge de 35 ans, et un peu par hasard. C’est son notaire qui lui a proposé d’acheter une belle demeure de style italien, édifiée quinze ans plus tôt par les Martin de Roquebrune, une des familles nobles de la région. Une bonne affaire, bien que le sol sableux soit assez instable et l’humidité grande du fait de la proximité de la mer et de marais.

 

« J’ai choisi Saint-Tropez, où l’on arrivait alors en dix heures de voiture, pour me dérober aux importunités de la vie publique. Je ne cherchais que le calme, j’ai trouvé l’enchantement », écrira lui-même Emile Ollivier dans le Figaro du samedi 22 mars 1884.

Lorsqu’il pose ses valises à la Moutte, à quelques dizaines de mètres de la jolie plage des Salins située à l’entrée du golfe de Saint-Tropez, Emile Ollivier est jeune avocat et député. Originaire de Marseille, il s’est lancé dans le sillage de son père dans une carrière politique. En 1857 il est un des cinq députés républicains de l’opposition. Il accepte cependant d’être le rapporteur de la première loi du 25 mai 1864 instaurant le droit de grève.

« Combat virilement, supporte avec patience »

Peu porté sur la vie mondaine parisienne, malgré sa passion de l’opéra et de la musique, Emile Ollivier goûte en revanche la nature et la solitude pour se ressourcer. Il se pose donc aux Salins avec Blandine, la fille aînée du compositeur Franz Liszt. Son beau-frère par alliance s’appelle Richard Wagner, qui a épousé Cosima, la sœur de Blandine. Une famille très people entendrait-on dans le Saint-Trop’d’aujourd’hui !

Pourtant, Ollivier, doté d’imposantes rouflaquettes, est un intellectuel plutôt austère, un romantique comme son modèle, le poète Lamartine, à qui il succédera à l’Académie française. Au fronton du castel provençal de La Moutte il a inscrit sa devise : « Certa viriliter, sustine patienter » (Combat virilement, supporte avec patience). En septembre 1862, la mort de Blandine, deux mois après la naissance de leur fils Daniel, suite à une infection, le marque terriblement.

Durant plus d’un demi-siècle, Emile Ollivier, remarié à Marie-Thérèse, va s’employer à agrandir et embellir son domaine de La Moutte, aujourd’hui propriété du Conservatoire du Littoral. Il met peu les pieds au village de Saint-Tropez et s’enferme dans son cabinet de travail pour y rédiger les dix-sept volumes de « L’Empire libéral ».

Sa tombe, les pieds dans l’eau

Après son exil de trois ans en Italie suite à la défaite de Sedan (1870), dont il a été injustement tenu pour responsable, il a bien tenté de se faire réélire député du Var (où il avait été élu en 1869) mais a été battu. « Pour les Républicains, surtout dans ce Midi rouge de l’époque, il était un traître alors qu’il a surtout voulu pratiquer une opposition ouverte et faire évoluer l’Empire vers le parlementarisme », explique l’historien et musicologue Nicolas Dufetel.

Ollivier meurt en 1913 et se fait enterrer dans sa propriété sur les rochers au bord de l’eau. C’est, avec celui de Chateaubriand à Saint-Malo (Bretagne), le seul tombeau face à la mer en France. Sur le granit brut on peut lire cette épitaphe : « Magna quies in magna spe » (Un grand repos dans une grande espérance). A des années-lumière des boîtes de nuit tropéziennes.

 

GENÈSE D’UN SAINT-TROP’JET-SET

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Le petit port de pêche varois s’est transformé en station balnéaire huppée où se donnent rendez-vous les plus beaux yachts du monde. LP/Olivier Lejeune

 

Le coup de cœur de Maupassant

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Portrait de Guy de Maupassant, gravure datant de la fin du XIXème siècle. Selva/Leemage

 



Le matin du 12 avril 1888, l’écrivain Guy de Maupassant fait mouiller son yacht « Bel ami », dans les eaux turquoise du golfe et s’installe face au port, à l’hôtel Sube. Dans son livre « Sur l’eau », publié la même année, il évoque le village, « une de ces charmantes et simples filles de la mer […] On y sent la pêche et le goudron qui flambe, la saumure et la coque des barques ».

Colette, Arletty et Cocteau

Dans les années 1930, quand Léon Volterra, directeur de salles de spectacles parisiennes, devient le maire de Saint-Tropez, et y fait venir des artistes célèbres comme Arletty ou Cocteau. La renommée de la station balnéaire, assurée dix ans plus tôt par la présence de Colette, prend son envol.

 

Et BB créa Saint-Trop’

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Brigitte Bardot à Saint-Tropez en 1966. /Photos12.com-LucFournol

 

En 1956, il suffit d’un film - « Et Dieu créa la femme », de Roger Vadim - pour changer le destin de Saint-Tropez. La faute au mambo endiablé d’une jeune actrice aux pieds nus, Brigitte Bardot, 22 ans. D’abord ignoré en France, le film fait un carton aux Etats-Unis. Le lieu de tournage ne quittera plus les sunlights des plateaux de cinéma. Treize ans plus tard, une autre icone du 7e art, Romy Schneider, y tournera « La piscine ».

 

La Lorada de Johnny

 

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Johnny Hallyday sur sa moto./GETTY/GAMMA/Laurent Sola

 

Pendant plusieurs décennies, Johnny Hallyday est une figure du petit port, et notamment de ses boîtes de nuit. Johnny y fait construire à la fin des années 1980 une somptueuse villa (à Ramatuelle) de 700 m2, qu’il baptise la Lorada (contraction de David et Laura, ses deux premiers enfants). Lassé de n’y être jamais tranquille, hanté les mauvais souvenirs et criblé de dettes, il la vendra rapidement. Au ciel provençal, il préférera ensuite le soleil de Saint-Barth.

 

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05/08/2018
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