Manguin, le peintre voluptueux
Après une première étape de l’exposition à Giverny, la Fondation de l’Hermitage, à Lausanne, ouvre ses portes au fauve Henri Manguin.
Apollinaire le surnommait "le peintre voluptueux" : Henri Manguin (1874-1949), acteur important du mouvement fauviste. Entré à l’école des Beaux-Arts en novembre 1894, en même temps que Matisse et Marquet, dans l’atelier de Gustave Moreau, il formera bientôt, avec André Derain et Maurice de Vlaminck, un groupe de jeunes peintres qu’un critique de l’époque, Louis Vauxcelles, qualifiera, à l’occasion du Salon d’automne de 1905, de "Fauves". L’occasion est rare de voir réunies autant d’œuvres de Manguin, peu nombreuses dans les collections publiques. L’exposition de Lausanne s’attache aux premières années de cet amoureux de la couleur.
Le déclic a lieu en octobre 1904, quand il découvre Saint-Tropez, où il loue une maison que Matisse vient de quitter. Elle est proche de la villa de Signac, dont il partage l’enthousiasme pour la lumière et la nature. C’est dans ce Midi glorieux, où il reviendra plusieurs étés, qu’il entreprend des tableaux célébrant la beauté de la nature, le bonheur familial et la sérénité de la vie quotidienne. La couleur avant toute chose éclate dans les toiles de la période tropézienne : orange et jaune s’accompagnent, bleu et vert se télescopent.
Audace et sensualité des couleurs
On la découvre au premier étage de la Fondation de l’Hermitage, accroché entre deux fenêtres donnant sur le lac : La sieste, une toile à la volupté éclatante. Une femme est allongée sur une chaise longue, le corps alangui, elle ferme les yeux, on imagine la douce torpeur de l’après-midi, on aperçoit la nature alentour, les arbres, les couleurs du ciel, de la mer au loin, le châle tombe délicatement du haut de la chaise longue, tout vibre d’harmonie. La peinture saisit l’instant, comme chez Baudelaire, tout est luxe, calme et volupté.
Ces teintes ardentes, on les retrouve dans Jeanne sur le balcon, peint également en 1905. A chaque fois, le même modèle, son épouse, en accord avec l’environnement. Les années suivantes, Manguin privilégie les natures mortes. Influencé par Cézanne, il travaille les effets de textures et de matières. Les denrées périssables disparaissent de la cuisine pour se retrouver sur ses toiles, comme ce plateau d’huitres rehaussant le blanc nacré de la nappe, subtilement décliné (1909).
En 1914, réformé de l’armée, Manguin accepte la proposition de Félix Vallotton et s’installe en Suisse, avec sa famille. Il y retrouve des amis fidèles, un couple de collectionneurs suisse, les Hahnloser. L’hiver 1916, il peint Lausanne sous la neige. Aux tableaux flamboyants des premières années, l’exposition ajoute des dessins et des aquarelles. Concentrée sur dix-huit années, elle révèle le meilleur d’une œuvre méconnue.
Manguin, la volupté de la couleur. Fondation de l’Hermitage, 2 Route du Signal, 1018 Lausanne. Tél. +41 (0)21 320 50 01. www.fondation-hermitage.ch Jusqu’au 28 octobre.
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