Michel Galabru : "J'ai le navet facile, je ne sais pas dire non
Œil vif, regard brillant, le ton tranchant et le verbe haut, bonhomme et ronchon, un personnage à lui seul, Michel Galabru nous invite au théâtre de sa vie. Sans se prendre au sérieux, il raconte tout de son parcours de comédien et de sa trajectoire personnelle, du trac de Louis de Funès à son César pour « Le Juge et l'assassin ». Pour lui « tout est théâtre, chaque endroit est un décor, et nous sommes tous des comédiens ».
Parce qu'il ne sait pas dire « non » Michel Galabru a accepté de nous recevoir. Il vient de publier un livre « Je ne sais pas dire « non » (Michel Lafon) et croule sous les demandes d'interview. A 89 ans, avec sa voix de stentor, sa finesse d'observation douce - amère et son bon rire, il n'élude aucune question.
À quoi ou à qui n'avez-vous jamais su dire non ?
Je me risque rarement à un refus pour ne pas fâcher, par désir de plaire et aussi par timidité. Combien de fois j'ai accepté un piètre rôle parce que je n'osais pas dire non ! Comment dire non à quelqu'un qui est en face de vous ? Au cinéma, par nécessité financière on ne dit pas non à un film, à un mauvais scénario. Ah !, j'ai eu le navet facile. Mais un mauvais film ne pue pas davantage qu'un autre.
Vous avez tourné près de 250 films. Quels sont ceux que vous ne reniez pas ?
En priorité « Le juge et l'assassin », celui dont je suis le plus fier. Tavernier m'a pêché alors que je ne m'y attendais pas. J'ai été très honnête avec lui. Je trouvais que Dufilho serait bien mieux que moi et je le lui ai dit. Il n'a rien voulu entendre. J'avais peur de ne pas être à la hauteur. J'allais être en face de Noiret qui avait déjà tourné « Le vieux fusil ». C'est lui qui m'a encouragé et convaincu. « Ne t'inquiète pas, tu y arriveras », m'a-t-il dit et j'y suis arrivé.
Il y a bien d'autres films dans une carrière si bien remplie ?
Le plus souvent, chaque fois c'était deux ou trois jours de tournage pas plus. J'ai eu, tout de même, quelques très beaux rôles. « Dans « Uranus » de Claude Berri. Là, je suis très bien en collabo affairiste. Je me regarde de temps en temps pour me consoler des trucs ordinaires que j'ai fait. Il y a aussi « L'été meurtrier ». J'ai tourné une scène avec Adjani sans la voir. J'aime aussi, « Un poison violent » de Katell Quillevéré. Elle est très forte cette petite jeune -fille, elle vous dirige comme un maître.
Vous ne citez pas « Le Gendarmes de Saint-Tropez » ?
Ah, « Les Gendarmes » ! Toujours eux ! Toute ma vie, je traînerai l'adjudant Gréber. Je reçois encore du courrier des quatre coins du monde avec le même refrain : « vous êtes mon acteur préféré ». On ne peut pourtant pas parler d'un chef-d'œuvre ! Lorsque « Les Gendarmes » sont sortis, les « Cahiers du cinéma » qui se passionnaient pour Jerry Lewis les ont traités de « galéjade minable ». Un critique du Figaro leur a répondu « Je ne vois pas en quoi les grimaces de Jerry Lewis sont supérieures à celles de de Funès ».
« Les Gendarmes », c'est l'équivalent des « Ch'tis » ou de « La Grande Vadrouille ». La preuve que « populaire » n'est pas un gros mot.
Vous vous entendiez bien avec le maréchal des logis-chef Cruchot alias de Funès ?
De tous les timides, le plus atteint que j'ai connu, c'est Louis de Funès. Cette maladie était chez lui incurable. C'était un homme sain et bon, qui ne tirait jamais la couverture à lui, un bon camarade de tournage et un bon partenaire sur le plateau.
Qui vous impressionne aujourd'hui ?
Michel Bouquet mais aussi Gad Elmaleh, Jamel si cocasse et aussi de charmant garçon qu'est Jean Dujardin.
Vous avez reçu un César et aussi, à 85 ans, un Molière pour votre interprétation « Des chaussettes »….
Je suis à l'âge où les récompenses pleuvent car on sent que le type va bientôt glisser.
Vous imaginez-vous mourir en scène comme Molière ?
Ce serait finir en beauté mais je suis déjà mort plusieurs fois, dans « La Triche » en 1984, dans « l'Ibis rouge » et dans « Les Acteurs ».
l'enfance
« C'est toujours un régal de regarder un petit enfant. C'est une satisfaction de raconter des histoires aux gamins, de les faire rire, de les voir grandir. Mais je reste fidèle à mes convictions : naître est quand même un périlleux destin. »
Les metteurs en scène
« J'ai de l'admiration pour les grands metteurs en scène. Quand j'ai été nommé pour une récompense, j'avais tourné avec un excellent : Besson, Berri et surtout Tavernier » (photo ci-contre).
Les amateurs
« Cette manie que cultivent les réalisateurs d'employer des amateurs m'horripile. Selon eux, les professionnels font obstacle à l'œuvre en préparation par leur manière même de jouer, de phraser, d'empoigner le texte. A la longue on tue l'acteur. Si vous engagez un plombier dans un film pour jouer le plombier, il aura les gestes adéquats. Il sera plombier. Mais si son rôle suppose un certain trait de caractère, un sournois dessein qui peut influencer le reste de l'histoire, rien ne dit qu'il sera capable de l'interpréter. L'interprétation c'est le fait de l'acteur. »
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