Saint-Tropez ... For Ever

C’est un golfe de Saint-Tropez décidément bien possessif qui chaque jour se fait prier avant de lâcher les quelques 300 voiliers inscrits aux Voiles et qui piaffent d’en découdre sur leurs ronds respectifs.

Sous un soleil digne d’un mois de juillet, les comités de course des trois grands secteurs de régates, celui des Wally à Pampelonne, des Modernes à la Nioulargue et des Classiques devant le Portalet se sont armés de patience dans l’attente du vent. En début d’après-midi, l'établissement d'un courant d’est a signifié le début des amicales hostilités. En moins d’une heure, le fond du golfe se vidait de toutes voiles, auriques ou bermudiennes, au rythme des différents départs de classe en route vers Les Issambres. La palme des bons départs revient une nouvelle fois aux unités les plus légères, à l’instar d’un Runa IV, Rowdy ou The Lady Anne chez les grands Auriques. Plus au large devant Pampelonne, les Wally ont de nouveau validé une course, tandis que les Modernes, pourtant bien exposé au large, n’ont finalement pas été en mesure de prendre un départ faute de vent.

L'arrivée jugée aux Issambres

L’établissement d’un petit “thermique” en milieu d’après-midi a justifié le louable entêtement du comité de course des voiliers classiques à lancer la course du jour. En se renforçant progressivement au secteur est, le vent a permis à tous les équipages de régater avec leurs armes, sur un plan d’eau uniquement bouleversé par le passage des centaines d’étraves de plus en plus gîtées en route vers le large. Tuiga, à la lutte avec The Lady Anne signait de nouveau un joli départ bien lancé et dans le bon timing. Très irrégulier en force comme en direction, le vent favorisait un moment les grandes goélettes, Elena en tête, vite suivie et dépassée par le 23 m JI Cambria (Fife 1928) dès que le vent flirtait avec les 10 noeuds. La sortie du golfe voyait comme hier Eole s’essouffler. Le passage aux Issambres s’effectuaient au ralenti pour une flotte compacte. Le comité de course jugeait alors raisonnable de réduire le parcours à ce point de passage.

Le jeudi, c'est les Défis !

Les Voiles de Saint Tropez commémorent traditionnellement chaque année le jeudi l’idée fondatrice de l’événement en acceptant le lancement, d’un propriétaire à l’autre, d’amicaux défis sur le parcours historique de la Nioulargue. Aucune logique autre que la fraternelle envie de régater bord à bord contre le bateau de son choix ne dicte ce concept.

La journée des défis verra ainsi le 19 M JI Mariquita défendre son titre de vainqueur de la "Club 55 Cup" glané l'an passé face à Cambria. Un duel hors norme s'annonce puisque c'est Altaïr qui lui sera opposé. La régate se dispute sans handicap, en temps réel, avec un départ à 12 heures devant le Portalet. Les concurrents laisseront la bouée de la Nioulargue à tribord, avant de redescendre vers le Club 55.

Particularité 2011 - trente ans de la Nioulargue oblige, mais en l'absence du Swan Pride qui n'a finalement pas pu rallier Saint-Tropez- le 12 M JI Ikra sera cette année associé exceptionnellement à la Club 55 Cup, avec une partie de l'équipage présent à bord d'Ikra et de Pride en 1981.

On notera par ailleurs les duels suivants : Aile VI vs Harlequin, Elena vs Shamrock V, Milena vs Adria, La Désirade vs Sigrid, Blue Diamond vs Simeron et Med Spirit... en tout une bonne quinzaine de Défis sont attendus...

The Blue Bird Trophy

C’est une idée de Tara Getty, propriétaire du yawl marconi Skylark (Olin Stephens 1937), défier jeudi son quasi sistership Argyll (Olin Stephens 1948) dans le cadre de la journée dédiée aux challenges. Mieux, le nouveau propriétaire du magnifique motor yacht Blue Bird présent dans le Vieux port, souhaite pérenniser au sein des défis ce duel amical, en gratifiant le vainqueur d’un “Trophée Blue Bird” reconductible tous les ans. Blue Bird avait été lancé en 1938 au Goole Shipyard en Angleterre sur commande de Sir Malcolm Campbell, sur plans GL Watson. Son propriétaire envisageait alors des chasses aux trésors dans les Caraïbes. Rattrapé par la guerre, le yacht fut réquisitionné et participa à l’évacuation du Corps Expéditionnaire Britannique à Dunkerque en juin 40. Totalement rénové en 2007 à Mallorca, il est depuis 2010 la propriété de Tara Getty.

La régate des centenaires

Journée de TOUS les défis, ce jeudi verra émerger une nouvelle idée venue... du Gstaad Yacht Club. Peter Erzberger, Commodore of the GYC, dans une louable volonté de rapprochement avec le monde de la mer et de la régate, a choisi les Voiles de Saint Tropez et son club organisateur, la Société Nautique de Saint Tropez, pour proposer aux voiliers centenaires leur régate propre, dans le cadre de la journée dédiée à ce type de challenge, la journée du jeudi. Le Gstaad Yacht Club va ainsi offrir un Trophée au voilier vainqueur d’une course à handicap, selon les règles en vigueur du Comité International de la Méditerranée. Le yacht le plus lent partira en premier, et le plus véloce en dernier. Le vainqueur sera le premier à franchir la ligne d’arrivée sous le Portalet. Une cérémonie particulière sera organisée au château de Saint Tropez pour la remise du trophée.

Le Gstaad Yacht Club, fondé en 1998 dans les montagnes suisses, signe ainsi son rapprochement avec Saint Tropez. Le club compte 400 membres de 23 nationalités.

L’immense flotte de beaux yachts inscrits aux Voiles comptent ainsi pas moins de 18 “centenaires”. Victory, avec un pédigrée qui remonte à 1883 est le plus vieux, tandis que Pesa et Mariquita, nées en 1911, sont les petits derniers de ce club informellement prestigieux.

Caribéens à Saint Tropez

François Tolède, organisateur des “Voiles de ... Saint Barth” est à Saint Tropez. Il a armé un First 50 avec une dizaine de membres du Yacht Club de Saint Barth et navigue au sein du très compétitif groupe des IRC B. Le voilier, comme de juste se prénomme ... Black Pearl !

Ils ont dit :

> Philippe Menhinick, Nan of Fife : “Je suis propriétaire de Nan depuis 1999. C’est ma 10ème participation aux Voiles. J’ai une histoire incroyable avec ce bateau. Je cherchais sur internet à acheter un bateau quand je suis tombé sur Nan, en vent au cap d’Agde. Je suis Malouin et je me suis souvenu que mon grand père avait un voilier nommé Nan. Renseignements pris, il s’avère qu’il s’agit bien du Nan of Fife que ma famille a posédé de 1949 à 1952 ! Ma grand mère aurait engagé sa bague de fiançailles pour payer le bateau. Mes grands parents l’ont revendu en 1952. J’en ai fait l’acquisition et l’ai ramené à Saint Malo où il a été restauré au bout de 20 mois de travail. Alain Gilbert, âgé de 82 ans, est un malouin qui avait navigué avec mon grand père. Il m’a “appris” à connaitre Nan. Je navigue depuis avec bonheur. Nous avons gagné Cannes et Marseille. Nous avons toujours de bons résultats aux Voiles...”

> Axel Neils, Mariska : “Nous possédons Mariska depuis 2006. Il nous a fallu deux ans et demi pour rénover ce magnifique yacht. Nous régateons depuis de manière régulière sur le circuit Méditerranéen. Nous avons remporté le trophée Panerai, gagné Antibes et Monaco. Nous sommes particulièrement fiers d’avoir gagné la course des 15 mètres à Monaco. C’est fantastique de naviguer avec les 4 derniers voiliers de cette si noble classe. Saint Tropez est un peu le foyer de notre famille. Nous aimons nous y retrouver avec des amis. Y disputer les Voiles, c’est comme régater à la maison. Un endroit spécial pour des bateaux vraiment spéciaux.”

> Louis Heckly, navigateur sur Mariska : “C’est un plaisir de naviguer face à deux “sisterships” de Mariska, Tuiga et The Lady Anne. Ce dernier est probablement le plus léger des 15 m JI et se trouve à son avantage dans les petits airs. Le petit temps laisse peu de place à l’erreur et met plus de pression sur le barreur. Mariska navigue avec un équipage majoritairement Suisse

, avec son propriétaire Chrisian Niels et des garçons venus de la course au large comme Stève Ravussin.”

Source : Cliquez ici