D’ici la fin de l’année, un décret ministériel pourrait autoriser les paillotes à rester ouvertes au-delà de six mois. En 2007, le candidat Nicolas Sarkozy promettait le paradis pour les 1 500 restaurants de plage dont les deux-tiers sont situés en Méditerranée : l’ouverture à l’année.
Le Varois René Colomban, président de la Fédération nationale des plages-restaurants, veut croire à une vieille promesse. Lui et ses adhérents préparent des actions symboliques. Leur but ? Que les paillotes ne ferment plus au 1er octobre - elles doivent laisser place nette 15 jours plus tard - après une saison de six mois, comme le stipule le décret plage de 2006.
Profiter du beau temps
Gérard Janicot gère le très chic ACD à Sète. "Être obligé de refuser du monde par ce temps magnifique, ça fout les boules. Permis de construire, autorisations... La saison n’est pas finie et il faut déjà se soucier de la prochaine. C’est un casse-tête permanent. Il faut retrouver la situation d’avant 2006", dit-il.
Celle d’avant l’incendie de “Chez Francis” en Corse ou du 4 février 2003 où les bulldozers avaient rasé les paillotes sétoises sous l’œil de 200 policiers.
Réglementation
La position des plagistes n’a pas varié d’un grain de sable : la réglementation, complexe, est en contradiction avec le développement économique du secteur. "La France est l’une des premières destinations au monde mais elle est devancée par l’Espagne et talonnée par l’Italie", argue René Colomban.
Démontage, remontage, stockage
Et puis il y a le coût du démontage, du remontage et du stockage : "30 000 € par an !", s’offusque un plagiste qui évoque l’impossibilité d’embauches à l’année. "Nous voulons que le démontage ne se fasse qu’à la fin de la période de concession", prône René Colomban, soutenu par nombre d’élus, notamment de la Droite populaire de la Côte d’Azur, l’aiguillon utile de l’UMP.
Accord du ministre du Tourisme
À Cagnes-sur-Mer, le 26 août, Frédéric Lefèbvre, ministre du Tourisme, a déclaré : "Mon objectif, c’est qu’un nouveau décret puisse permettre une ouverture à l’année des établissements de plage." C’est dans ce contexte que le ministère de l’Écologie prépare un texte "plus souple qui sera soumis, d’ici fin 2011, à l’arbitrage du Premier ministre via la Commission nationale de la mer et des littoraux", confie-t-on au cabinet de Nathalie Kosciusko-Morizet.
Ouverture à l'année sous conditions
Le décret actuel de 2006 permet peu de dérogations : la ville candidate doit posséder, entre autres, un office de tourisme 4 étoiles, 200 chambres d’hôtel en basse saison et être une station classée. Ce qui pénalise des lieux célébrissimes, Saint-Tropez en tête, qui ne remplissent pas ces critères.
Si Matignon arbitre en faveur des plagistes, il suffirait, principalement, pour avoir l’agrément d’ouverture à l’année, que le restaurant soit situé sur une plage "urbanisée", qu’il ouvre au moins 48 semaines par an et qu’il ne soit pas dans une zone soumise aux coups de mer. C’est ce dernier point qui suscite le plus de réticences, depuis la tempête Xynthia.
La réaction de France nature environnement
"Le décret de 2006 qui arrive après 150 ans de jurisprudence permet un équilibre qui serait rompu s’il était assoupli" réagit l’avocat de France nature environnement, Benoît Buisson. "Déjà, dit-il, la loi littoral n’est pas respectée partout. A Ramatuelle, des restaurants sont encore en dur sur des plages privées. Contrairement à 2006, nous n’avons pas été consultés sur ce projet qui est dans l’air. Allonger la durée d’exploitation serait un cadeau électoral à la veille de la présidentielle.
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