Saint-Tropez ... For Ever

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Les confessions d'un SDF dans un village de luxe

 
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René Dony est une figure locale. Avec son chien Nikita, ils dorment sous une tente à la Citadelle et se rendent régulièrement vers le parking des Lices pour faire la manche.
 
Village luxueux mondialement connu, Saint-Tropez n'attire pas que les stars. Plusieurs sans domicile fixe sont aussi présents. À l'image de René Dony, arrivé en 2002. Ici, beaucoup connaissent cet homme de 64 ans, à la barbe rousse, qui a établi un campement de fortune à la Citadelle.

Originaire de Saint-Hubert dans les Ardennes belges, son parcours est semblable à celui d'autres SDF. Ado, il travaille dans l'hôtellerie en tant que cuisinier puis s'essaye à la mécanique. Il se retrouve ensuite sur des fêtes foraines à gérer des auto-tamponneuses. Et s'engage dans l'armée, à 20 ans. Il y restera vingt-cinq ans. « J'étais cuisinier à Bruxelles,se souvient-il. J'ai même travaillé pour le palais royal. » Las, à 45 ans, il quitte ses fonctions. Ressent le besoin de goûter à autre chose.

De la Sibérie à Saint-Tropez

« Ce fut le début de la galère. Peut-être que j'aurais dû rester… ». Il commence à voyager pour gagner sa croûte. Navigue entre les maisons d'accueil et les centres pour jeunes travailleurs. Il arrive en Sibérie, pour souder des pipe-line de gaz naturel…« Je n'ai jamais eu aussi froid de ma vie ! C'était très mal payé. J'ai eu juste assez d'argent pour revenir en France. »Nous sommes au début des années 2000. Il passe une semaine à Sainte-Maxime, avant de mettre le cap de l'autre côté du golfe. « J'étais venu en 1966 et 1984 à Saint-Tropez. J'avais adoré ce village. »

Il dort sur la plage ou à l'ancien hôpital, sous un escalier. Avec d'autres SDF, ils squattent plusieurs mois une villa vers Sainte-Anne. Avant de s'installer à proximité du cimetière marin. « On m'a viré. Je suis donc monté un tout petit peu plus haut, à la Citadelle. Là, on me laisse tranquille. Je me suis fait un petit campement. Je préfère être ici qu'au préfabriqué avec tous les autres… »

« Je ne bois pas d'alcool »

Au début, des jeunes lui jettent des pierres. Il décide de prendre un chien. Avec Nikita, son beauceron, il se sent plus en sécurité : « L'été, je retrouve plein de seringues. C'est aussi un lieu de rencontres. » Il n'a plus le goût au travail. « Je suis trop vite essoufflé. J'ai des problèmes de santé et notamment de l'asthme. J'ai presque 65 ans vous savez… » En mars dernier, il est victime d'un malaise sur la place des Lices : « Les médecins ont découvert que j'étais diabétique aussi… »

Le froid, il dit ne pas le ressentir. Neuf ans après son arrivée, il a ses habitudes dans la cité corsaire. Le matin, il passe au petit Casino de la rue Gambetta. « C'est le seul patron qui m'a offert du café et un peu d'alimentation quand je suis arrivé. » Les jours de marché, il fait la manche vers le parking des Lices. « Les gens me donnent souvent un petit quelque chose. Ils me racontent leurs histoires. Je suis un peu le curé du village ! C'est peut-être aussi parce que je ne bois pas d'alcool… J'ai arrêté en 2009. »Le reste du temps, il le passe sous sa tente avec son chien. « J'écoute RTL pour suivre l'actualité. » Il se passionne aussi pour la pêche. Mais ses cannes ont été récemment volées…

Foie gras, caviar et champagne…

Comme l'été, cette période de fin d'années est propice aux dons pour celui qui estime avoir besoin de vingt euros par jour pour vivre.« Un soir de jour de l'An, j'étais sur le port. Une dame est sortie de son bateau avec une assiette de foie gras et du caviar. Elle me l'a donnée avec une coupe de champagne. C'était il y a dix ans. On sent aujourd'hui que la crise est passée par là… » Des objets, il en a trouvé beaucoup par terre. Comme cette montre qu'il arbore fièrement à son poignet, « une Ice Swatch, qui coûte 100 euros ! » Ou les portefeuilles et autres téléphones. « Une fois, j'ai ramené un sac à main à la gendarmerie. En fait, il y avait un double-fond qui contenait des milliers d'euros en billets ! La dame ne m'a même pas donné un centime… »Pour Noël, l'ancien cuisinier s'est concocté un lapin, sur son réchaud à gaz. Avant cela, il avait été faire la manche à la messe de minuit. Car la générosité des Tropéziens est sa seule issue pour continuer à vivre…

 

Source : Cliquez ici



26/12/2011
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