Saint-Tropez ... For Ever

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"J’ai guidé Brigitte Bardot dans le « Swinging London »".

 

 

J’ai 4 ans lorsque mes parents, qui ne jurent que par la France, m’inscrivent au lycée français de Londres. A l’adolescence, tout ce qui m’in­téresse, ce sont les filles et la musique. A 14 ans, je découvre le pouvoir de ­séduction de cinq accords de guitare. Je monte mon premier groupe. C’est l’époque fabuleuse du Swinging ­Lon­don : le rock et le blues venus des Etats-Unis dynamitent notre vieille ­société figée et répressive ; les groupes fleu­rissent dans le West End et à Soho. Ma vie est assez agitée, je ne veux plus vivre chez mes parents avec qui les relations sont conflictuelles. La musique ne me permet pas encore de gagner ma vie ; aussi, je m’inscris à des castings. En septembre 1966, grâce à ma pratique du français, je décroche un petit rôle, celui d’un assistant photographe, sur le tournage d’« A cœur joie », un film de Serge Bourguignon. Au côté de Laurent Terzieff et de Jean Rochefort, Brigitte Bardot est LA star du film.
J’ai 20 ans, elle en a 32. Elle est à l’apogée de sa beauté et de sa gloire. Elle m’impressionne énormément. La première fois que je me retrouve à côté d’elle, j’ai le souffle coupé. Plus que sa beauté, ce qui est vraiment fou, c’est l’aura qu’elle dégage. Il lui suffit d’être elle-même : modeste, charmante, souriante. Dès ma première scène avec elle, je comprends ce qu’est le charisme. Entre deux prises, Brigitte demande à Mike Sarne, l’acteur qui tient le rôle du photographe, quels disques il a suggérés pour l’ambiance musicale du film. Il lui donne une liste de titres déjà vieux de trois ans. J’ose intervenir pour dire qu’il y a eu quelques trucs intéressants depuis. Vexé, Mike me répond : « C’est qui le musicien ici ? » Brigitte me demande, amusée : « Qui êtes vous ? » Sous le choc, je réponds, en essayant d’avoir l’air le plus cool possible : « Monsieur Head. » Mais pourquoi je ne dis pas simplement : « Murray » ? ! Elle me sourit et me demande le nom de ces disques que j’ai évoqués. Le soir même, je suis invité à son hôtel où je suis présenté à son entourage. Brigitte demande où on peut aller dîner et écouter de la bonne musique. Chacun donne son avis : Bob ­Zagury, producteur et ex-petit ami de BB, les mannequins, les acteurs…
Après d’interminables discussions, Brigitte se tourne vers moi et, avec un sourire radieux, me lance : « Vous, le musicien, choisissez ! » Je les conduis chez Nick’s Diner. Assis en face de Brigitte, à ma droite j’ai sa copine Ursula Andress, de passage à Londres, je dois me pincer pour y croire ! Après dîner, je les conduis au Blaze. J’entre dans le club, Brigitte à un bras, Ursula à l’autre, suivi par les autres actrices du tournage, des mannequins toutes plus jolies les unes que les autres ! ­Immédiatement, les regards se braquent sur nous. Les habitués, bouche bée, se demandent ce que je fous là avec les deux plus belles femmes de la planète ! Je jubile et je ­savoure mon bonheur. De temps en temps, Brigitte se lève et danse à sa manière, unique et sensuelle. Les gens la regardent. Mais Londres n’est pas ­Paris ; ici, on la laisse tranquille. L’idée d’un flirt ne m’effleure même pas ; j’ose à peine la regarder et me concentre pour ne pas rougir lorsqu’elle me parle… A partir de ce jour-là, c’est à moi qu’incombe la lourde responsabilité d’emmener chaque soir la star au restaurant puis dans des clubs. Pendant quinze jours, je pilote Brigitte Bardot dans les endroits les plus branchés de Londres, y compris ceux où jusque-là on me barrait la porte parce que je n’en étais pas membre. A la fin du tournage, nos chemins se séparent, mais désormais, je sais que « everybody can be somebody ».Point final

 

Source : Cliquez ici



07/09/2011
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